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Quelles sont les conséquences environnementales de la 5G ?

Avril 2020

Déjà opérationnelle dans des pays tels que la Chine ou la Corée du Sud, la 5G est de plus en plus attendue en Europe. Pour définir cette nouvelle technologie, il s’agit de la cinquième génération de communication sans fil qui succède à l’actuel réseau 4G.

Mise au point pour être davantage en adéquation avec le volume croissant des données et de l’activité numérique moderne, la 5G permettra de plus importantes capacités d’échange et de stockage. 

Pour ce faire, cette technologie nécessitera une largeur de bande passante jusqu’ici inédite de l’onde millimétrique qui sera de l’ordre de 30 à 300 GHZ. En France, les premières offres devraient être lancées d’ici la fin de l’année si les conditions actuelles liées au covid-19 le permettent toujours.

Sujet très controversé depuis déjà quelques années, la technologie de la 5G est loin de faire l’unanimité puisqu’au-delà des possibilités numériques qu’elle apporte, elle fait également craindre un désastre écologique sans précédent à l’échelle planétaire.

« Oser, le progrès est à ce prix » disait Victor Hugo dans les Misérables. Mais à quel prix ?

Une multiplication considérable des antennes-relais

Si l’on s’intéresse aux infrastructures actuelles nécessaires pour le déploiement de la 4G, les réseaux mobiles ont recours à des antennes qui diffusent les signaux uniformément dans toutes les directions.

La mise en place de la 5G en France se réalisera progressivement entre 2020 et 2025 en impliquant des investissements majeurs et densifiés. Elle se fera en ayant recours à l’infrastructure actuelle mais nécessitera également des antennes 5G intelligentes ainsi que d’autres petites qui seront directement disposées à l’intérieur même des bâtiments ainsi que dans du mobilier urbain.

Dès lors, cette technologie va demander un déploiement nettement plus massif d’antennes au niveau national avec une moyenne de 30% de sites supplémentaires notamment en zone péri-urbaine, pour être en mesure de proposer une couverture équivalente à celle de la 4G. Et il faudra en compter 3 fois plus dans les zones rurales pour pouvoir assurer un service haut débit au moins égal à 8 mégabits par seconde.

Le but est de permettre, à long terme, un fonctionnement sur plusieurs bandes de fréquences afin de pouvoir fournir environ 50 fois le débit actuel de la 4G au moyen d’ondes centimétriques d’abord à hauteur de 3.5 GHZ puis millimétriques lorsque les fréquences de la bande 26 GHZ seront utilisées.

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Ces ondes assureront donc une plus grande connectivité ainsi qu’une exécution plus rapide (délai de transmission divisé par 10) des objets connectés qui sont de plus en plus nombreux dans nos foyers, mais aussi dans nos entreprises.

En France, un premier déploiement est espéré dans quelques grandes villes d’ici la fin de l’année puis une couverture plus large est prévue d’ici 2026, pour les deux tiers de la population, avec un ciblage prioritaire sur les zones industrielles.

Dans une ère numérique et un monde hyperconnecté, il apparaît difficile de résister à tant d’efficacité, mais la contrepartie s’annonce peu glorieuse pour l’environnement.

Un désastre écologique sans précédent

L’envers du décor de la technologie 5G n’a effectivement rien de très réjouissant pour la planète. La face cachée du numérique représente une pollution invisible difficilement contrôlable, et les utilisateurs d’internet sont de plus en plus nombreux et de plus en plus exigeants sur leur consommation.

Frédéric Bordage, spécialiste français du numérique responsable et fondateur du site Green IT.fr constate par ailleurs que « Plus on a de bande passante, plus on la consomme […] C’est comme lorsqu’on est passé du puits à l’eau courante, la consommation d’eau par habitant s’est envolée, sans veiller comme avant à ne pas gâcher la ressource ». Il en est aujourd’hui de même pour le numérique car ce déploiement se révèle être foncièrement dommageable pour l’écologie si l’on prend en compte les quantités astronomiques de matériaux nécessaires à la construction de ces centaines de millions d’antennes nécessaires au fonctionnement de la 5G.

Et surtout à celle des plusieurs milliards d’objets connectés dont les étapes de fabrication contribuent à l’épuisement des ressources non renouvelables telles que les énergies fossiles et les minerais bien trop souvent extraits par des enfants dans des conditions inhumaines.

Autre point inquiétant dans cette folle course technologique : des milliards d’équipements connectés deviendront en quelques années autant de déchets (souvent très peu recyclables), puisqu’ils vont rapidement devenir obsolètes en raison de leur incompatibilité avec la 5G.

Il faudra remplacer ces appareils existants devenus « vétustes » et en produire de nouveaux dans des centaines de milliards d’exemplaires. Le bilan écologique de l’opération, déjà très lourd, n’en sera qu’aggravé : épuisement de ressources non renouvelables, pollution de l’eau, destruction des sols provoquée par l’extraction des minerais et une production plus importante d’émissions de gaz à effet de serre.

L’empreinte carbone démesurée de la surconsommation

Générant de fortes émissions de gaz à effet de serre, l’industrie du numérique fait partie des plus polluantes dès l’extraction des matières premières dédiées à la fabrication des équipements électroniques, jusqu’à leur utilisation et leur recyclage lorsqu’ils arrivent en fin de vie.

D’après un rapport de The Shift Project datant d’octobre 2018, le numérique émettrait aujourd’hui 4% des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, et sa consommation énergétique augmente de 9% par an. Avec l’émergence de la 5G, la consommation d’énergie des opérateurs mobiles pourrait être multipliée par 2.5 à 3 dans les cinq années à venir, ce qui représente une augmentation de 2% de la consommation électrique rien qu’en France. Donc malgré l’efficacité énergétique du réseau 5G (il a été conçue pour), le résultat final ne va pas dans le bon sens.

Cette pollution numérique, désormais appelée e-pollution contribue à faire d’internet le troisième plus gros pollueur après la Chine et les États-Unis mais elle pourrait arriver à la première place du podium d’ici 2030 si aucun effort de consommation n’est réalisé par les utilisateurs. Les actions quotidiennes qui paraissent anodines comme le simple fait de regarder un film sur Netflix, de jouer à un jeu vidéo sur son smartphone ou encore de travailler en visioconférence ont un impact immense pour la planète.

Quel est l’impact de la pollution numérique ?

Comment diminuer l’impact du visionnage en ligne ?

Avec l’essor des objets connectés (qui vont de la brosse à dents à la machine à laver en passant par les ampoules et même les chaussettes, oui oui, ça existe), les émissions d’ondes, l’utilisation des ressources et l’empreinte carbone augmentent.

Enfin, en voulant disposer de davantage de débit, de moins de latence et d’une plus grosse capacité de réseau, les utilisateurs risquent de privilégier les réseaux mobiles plutôt que les fixes, ce qui aura pour conséquence de solliciter davantage les antennes-relais beaucoup plus énergivores que les infrastructures filaires.

Vous l’aurez compris, le déploiement de la 5G apporte avec elle de mauvaises surprises pour la planète qui s’en passerait volontiers, mais avec une 6G déjà en cours de développement pour une sortie d’ici une dizaine d’années, avec des débits de données exprimés en térabits et une 7G prévue pour les années 2040, elle n’a malheureusement pas fini d’être malmenée. 

Surtout que nous n’avons pas traité les potentiels risques d’une crise sanitaire liés aux ondes électromagnétiques dans cet article, puisque c’est un sujet à part. Quoi qu’il en soit, s’il n’y a pas de réelle prise de conscience tant de la part des industries (à commencer par les fabricants de téléphones) ou des consommateurs, on est pas sorti de l’auberge.

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